" tưởng niệm nhà thơ, dịch giả ĐỖ TƯ NGHĨA [ 1947- 2021 ] " -- đọc ' Gởi Tình Yêu / Gởi Cuộc Đời ' / Thân Trọng Sơn chuyển ngữ ( Đà Lạt ) -- nguồn: art2all.net ( Mỹ )
gởi tình yêu / gởi cuộc đời
***
à l'amour
& à la vie
Nguyên tác : Đỗ Tư Nghĩa
Chuyển ngữ : Thân Trọng Sơn
Prélude
Il m’est arrivé une fois,
au coeur de la saison des tournesols jaunes
de me réveiller au milieu de la nuit
et à cet'instant même
j’ai pensé à mon sommeil éternel.
Oui, il arrivera un tel jour
òu mes yeux se fermeront
pour ne plus voir personne.
J’agiterai la main
pour dire adieu
au bas monde
à tant de souffrances
et de bonheurs.
Oui, il arrivera un tel jour
òu je m’en irai,
les mains vides,
comme au moment òu je suis mis au monde.
Et avant l’heure de la séparation
Que vais-je léguer ?
des objets précieux ?
des chaâteaux majestueux ?
une vaine réputation ?
une légère compassion
chez ceux qui restent ?
Je le sais bien,
tout n’est que des cendres
de la flamme du temps.
Oui, le jour òu je quitte le monde
je n’ai rien à laisser.
Ô joli monde,
qui m’a nourri
du miel amer et du miel sucré
Que vais-je à te laisser
avant de te quitter ?
Je vais te laisser
mon chant
pareil au dernier gazouillement
qu’émet un oiseau
avant de s’égosiller.
Je vais te laisser
mon sang rouge
qui m’a été transfusé par toi-même
pareil à la sève
qui donne aux arbres fleurs et fruits.
Les poèmes que voici
je voudrais les laisser
- quand je ne suis plus -
à l’Amour
et à la Vie.
Adieu le tournesol jaune
Ce soir je te vois tomber
sur la terre noire
du chemin abrupt menant à la cathédrale.
Tournant le dos
Dieu ne te voit pas
et la vie tranquille
continue sa régulière routine.
Tu t’es perdue
quand Noešl n’arrive pas encore
tu n’as pas mis ta robe jaune
le cou tendu
dans l’attente d’une brise caressante.
Adieu donc
Bouton non encore éclos,
la vie n’a pas besoin de toi
Ô fleur jaune
inutile !
La vie a besoin seulement
de ce qui vaut du riz ou de l’argent,
de ce qui peut être vendu ou échangé
du Beau, elle n’en a pas besoin !
Adieu
âme végétale !
pourquoi ta mort de ce soir
n’est-elle annoncée
par aucun son de glas ?
Et mon âme
périt chaque jour
car la vie a foulé sur le Beau
que me reste-t-il
outre mon coeur ?
Adieu donc ma chère,
ne pleure pas
la saison de Noešl approche déjà !
Dors un doux sommeil
plein de rêves
des végétaux
Et va, dans l’éternité
à la recherche
d’un joyeux sourire
pour chaque jour.
Parfois j’ai envie
Parfois j’ai envie
de chercher, au sein de la vie,
une âme sur
avec qui je partagerais
soucis et bonheurs
or, que c’est difficile
il me paraýt.
Parfois j’ai envie
d’échancrer mon coeur en mille portes
laissant libre accès à la vie
pourtant mon âme reste fermée
c’est de ma faute
ou celle d’autrui ?
Parfois j’ai envie
de pouvoir dormir doucement la nuit
car, pareille à un couteau pointu,
la vie coupe toujours
mon âme en tranches brutales.
Parfois j’ai envie
que mon âme soit un nuage de cendre
répandu de toutes parts
aux quatre vents.
Parfois j’ai envie
que tu rendes visite
au coin sombre de mon âme
aussi profond que l’enfer
pour une seule fois
même pour une seule fois.
Les choses simples
Les feuilles vertes jauniront
Les cheveux noirs blanchiront
Les lèvres rouges paliront
Les fleurs fraýches s’évanouiront
Voilà des choses simples !
Les yeux bleus perdront leur éclat
Les lèvres suaves n’auront plus leur parfum
La jeunesse passera
Le coeur se refroidira
Voilà des choses simples !
Les montagnes s’effondreront
en poussières rouges
Les mers deviendront des déserts
Le bonheur sera brisé dans la souffrance
L‘amour fondra en larmes
Et finalement
La vie humaine s’anéantira avec la mort
Voilà des choses simples !
Mais pourquoi
pourquoi tant de gens
moi-même compris
se lamentent-elles toujours
de ces choses simples ?
Narcisse,
celui qui aime sa propre image.
Au temps jadis
vivait un certain Narcisse
dont la parfaite beauté
charmait tant de jeunes filles
et dont le coeur aimé
glacial tout le temps restait !
Mais un jour
en regardant son image
dans les eaux d’une fontaine
il s’ éprit
de sa propre image.
Ô Narcisse
Ô jeune homme te mirant dans l’eau !
Comment connais-tu l’Amour
quand tu n’aimes que ton image ?
Quelle pitié pour Narcisse
et pour tous ceux qui
n’aiment que leur image !
Qu’on ne plaigne pourtant pas
Narcisse !
Car dans le courant de la vie
qui d’entre nous n’aurait pas
aimé sa propre image
comme lui ?
De petites allumettes jolies
Parfois en pleine nuit
la ville s’immobilise,
imprégnée de givre ;
les tournesols sont déjà endormis
Je me réveille, cherchant
une allumette
sans la trouver, pourtant.
Une allumette
Une seule allumette
Je l’allumerai
pour voir mon propre visage
pour voir la vie
pour voir l’amour
pour voir la mort
Or aucune étincelle ne jaillit.
Oui, j’ai besoin seulement
d’une petite allumette
pour allumer une cigarette
pour faire un bout de conduite
à une nouvelle journée
à une joie qui va s’en aller
à une tristesse qui vient d’arriver
àø un bonheur à peine éclos
qui s’évanouit déjà trop tÔt .
Rien qu’une allumette,
une seule allumette me suffit !
Mais òu puis-je la trouver,
une petite allumette jolie
afin d’allumer un petit feu
pour ma vie ?
A-t-on assez de temps pour vivre ?
Assis à La Tulipe ce matin
je regarde en-bas à travers les arbres
et je vois tant de personnes
englouties à l’entrée du marché.
des visages joyeux
des visages attristés
des visages anxieux
on entre dans le marché.
Je me demande
a-t-on assez de temps pour vivre
pour regarder les nuages flotter
pour écouter les oiseaux
sur la colline chanter ?
Mon siècle court toujours
à la poursuite du temps
comme les oiseaux sans fatigue
a-t-on du temps pour vivre
pour se donner rendez-vous
pour regarder les yeux de sa bien-aimée ?
On ne peut manquer
de repas quotidiens
mais est-ce vrai
que les repas seuls suffisent à notre vie ?
Ô ma chère,
au cours de la vie précipitante
as-tu encore du temps
pour vivre
pour rire et pleurer
pour écouter
les battements
de ton coeur ?
Au saule pleureur
En contemplant un jour le saule pleureur
je me vois moi-même
comme dans un miroir.
Le ciel est encore bleu
les feuillages verts
les fleurs épanouies
et les oiseaux ne cessent de chanter
mais toi, Ô saule pleureur,
qu’as-tu à baisser toujours la tête ?
Tout comme toi
je me baisse sur mon être
toute ma vie durant
je me baisse
sur les blessures d’antan.
Mais, saule pleureur,
te serait-il possible
de baisser la tête éternellement
alors que la vie
reste belle infiniment
en dépit de toutes souffrances ?
Et moi aussi,
comment puis-je baisser la tête
alors qu’en levant les yeux
j’ai vu
un ciel bleu
s’étendant à perte de vue
là-haut ?
Les larmes
Pleurer est lâche,
un poète occidental l’a dit,
on ne devrait jamais verser des larmes
au sein de la vie.
Pourtant, à mon avis,
on a besoin quand même de pleurer
comme une terre aride assoiffée des gouttes de pluie
des coeurs asséchés demandent des larmes.
J’ai vu
le bonheur s’écoulant
des larmes de mes enfants.
Ô les pleurs d’enfants
sont plus gais que les rires
plus gais que les crépitements des pétards de noces
plus gais que le chant du rossignol.
J’ai toujours peur des larmes
de la mort
de la tristesse
des coeurs brisés
Mais j’ai peur davantage
des paupières sèches
des coeurs glacials.
Ô mon siècle
tire vanité d’avoir oublié
les larmes sur les paupières sèches
comme les déserts fiers du sable brûlant.
Mais pourquoi craint - on des larmes
sources de l’affection
du bonheur
de la haine ?
Sache, dans la vie, pleurer
je me dis
Ne laisse jamais tes yeux longtemps dépérir
Ne laisse jamais ton coeur refroidir !
Il y a des jours …
Il y a des jours
òu mon âme flotte à la dérive
telle une feuille jaunie
ne pouvant choisir òu se poser.
Il y a des jours
òu je ressemble à un petit rat
se fourrant dans les égouâts
d’ici-bas
bien qu’au-dessus de ma tête
la lune et les étoiles soient encore là
bien qu’autour de moi
les arbres verdissent encore
et sur le banquet de la vie
chaque jour
le vin rouge coule à flots.
Il y a des jours
òu mon âme est pareille
àø un poulet affamé
cherchant des grains dorés
mais, la saison de récolte finie,
il ne reste aucun grain
éùparpillé.
Il y a des jours
òu je me sens stupéfait
c’est comme ça la vie ?
ces suites sans raison
ces liens sans nom
ces ennuis sans signification ?
Que personne ne m’apprenne
à savoir sourire
à l’approche d’une tempête
J’ai ri aux éclats
mais quel sens peut avoir le rire
au milieu de l’univers immense
au milieu du sable aride
au milieu d’un site sauvage
des déserts ?
Il y a des nuits
Il y a des nuits
òu, dans le sous-sol au pied d’un escalier,
en compagnie d’un ami,
je me couche écoutant
les hurlements nocturnes du vent
pour me réveiller à minuit
avec l’impression d’être frappé
au coeur
à coups de marteau.
O vent qui mugit
pourquoi ne cesses-tu ?
pourquoi les battements d’un coeur
dont le sang tarit
ne cessent pas non plus ?
Il y a des nuits
òu, esseulé,
je me couche, sentant
ma vie s’émietter
comme les explosions du soleil
dans l’espace spirituel
comme si
le soleil était déjà un mirage.
Il y a des nuits
òu je me crois non un être humain
mais une âme revenant au bas-monde
retrouver un cheveu de la bien-aimée
pour combler son absence.
Il y a des nuits
òu, tourmenté,
j’ai envie de filer dehors en plein vent
pour vociférer
des hurlements
comme les chiens enragés –
les chiens enragés
ne sachant plus comment se comporter
parmi les chiens éveillés.
Il y a des nuits
òu j’ai tellement envie
de casser la vie
de briser mon coeur
de fouler même les tournesols
au sein d’un hiver cruel.
Il arrivera un jour
Il arrivera un jour
òu mes paupières se fermeront
dans le tombeau profond
avec les ténèbres
mais je sais
que toujours les herbes pousseront
toujours les oiseaux chanteront
le ciel sera encore semé d’étoiles
et les amoureux,
l’un dans les bras de l’autre,
marcheront encore à deux
sur le sable fin blanc.
Eh bien, ma chère,
les fleurs s’épanouiront toujours
comme ton bonheur
comme le sourire des jolies filles
comme si je n’avais jamais existé
sur terre.
Il arrivera un jour
òu mes yeux seront clos
mais la vie persiste toujours
l’univers demeure toujours beau
Il reste encore les quatre saisons
Il reste encore
le rire et les pleurs.
Comment faire
pour dissiper
les fantômes du passé
les fantômes de l’avenir ?
pour pouvoir s’envoler
comme les nuages blancs
qui s’envolent
àø travers l’infini du ciel bleu ?
Comment faire
pour vivre
comme l’oiseau
qui prend son vol
avec le vent d’en -haut ?
Y a-t-il quelque chose
qui se remue en moi ?
Y a-t-il quelque chose
qui se remue en moi ?
le matin, sur le lac aux eaux claires,
le soleil s’est levé
mais la joie pas encore réveillée ?
Hier soir,
en pleine ivresse,
parmi les visages humains,
au milieu des rires,
pourquoi je me sentais si seul ?
Il n’y a pas de raison
que mon coeur reste glacial
quand la nature m’attire.
Y a-t-il quelque chose de difficile à dire ?
Est-ce qu’il y a une soif
comme celle d’un enfant altéré de lait ?
Ô, la couleur des fleurs
la couleur jaune des fleurs
qui chaque année apparaît
comme l’âme d’une amante décédée.
Y a-t-il quelqu’un qui m’accompagne
au bout du parcours de l’esprit ?
Y a-t-il quelqu’un qui m’ouvre
les portes bien fermées de la vie ?
Ô quelle solitude !
en la saison des tournesols jaunes
des blessures sans appellation
dans le coeur
frémissent !
Il y a une espèce d’oiseau
Il y a une espèce d’oiseau
qui suspend son vol
au coeur d’un hiver froid
sans ami
sans relation.
L’hiver s’approche de lui
et demande :
Ô sot oiseau
Que cherches-tu dans mon royaume
au brouillard s’étalant
à la neige glaçante
quand le printemps est encore éloigné
à l’horizon ?
Connais-tu le sort de ceux qui arrivent tôt
de ceux qui cherchent le soleil
dans les déserts ténébreux ?
Éloigne-toi de mon royaume
et attends le retour du printemps !
Mais l’oiseau se tait
puis sourit
en pliant les ailes
immobile dans la neige blanche.
Qui sait que l’oiseau a parcouru
le ciel de toutes directions
et qu’il a survécu
au purgatoire après tant de saisons ?
L’oiseau se rend compte
que le printemps est un mirage
et il a choisi l’hiver
pour se faire
sa patrie.
Les étoiles et les humains
Il est des fois
en regardant le ciel
semé d’étoiles
je forme un voeu
que ces astres soient des humains
l’un de l’autre voisins
qui se communiquent entre eux
avec des clins d’oeil silencieux.
Mais quelle grande erreur !
Car les étoiles
qu’on croit rapprochées
sont distantes en réalité
de millions d’année-lumière.
Et les humains aussi
qui se croient proches
sont éloignés l’un de l’autre
de millions d’année-lumière.
Au rossignol.
Il y a une espèce d’oiseau
qui aime chanter la nuit
quand la lueur du crépuscule
s’est déjà affaiblie.
Ô rossignol,
pourquoi as-tu choisi
d’adresser ton chant
aux ombres de la nuit ?
Est-ce parce que tu aimes la solitude
en chantant pour les étoiles silencieuses ?
ou que le soleil violent
a incendié ton gazouillement ?
Est-ce parce que les bruits du jour
ont éteint ton chant,
que tu as donc choisi
les ténèbres comme ami ?
Ô oiseau nocturne
au chant douloureux !
pourquoi ton chant est-il affligeant
comme un air de musique
des jours d’antan ?
Y a-t-il une douleur ressentie
que tu ne peux pas exprimer ?
Ton coeur a-t-il des replis
que tu ne peux pas démêler ?
Est-ce parce que tu sais déjà
que la vie est une illusion
que l’amour est l’ombre des nuages
ton chant s’imprègne d’émotion ?
Ô oiseau nocturne
d’une âme artiste,
Est-ce parce que tu sais
que la vie est une étrangère
que la mort une bien-aimée
ton chant s’imprègne de mélancolie ?
Ô oiseau nocturne,
Je le comprends fort bien,
Quoique tu aimes la vie ardemment
tu ne peux pas chanter gaiement
au coeur d’une époque
de dérèglement.
Ô éternité !
Je t’attends encore
sur la falaise du temps !
La vie quotidienne
m’enchaýne
avec le strict nécessaire
comme une ficelle
Et mes ailes
sont dépenaillées
depuis des saisons de tempête de neige !
L’éternité me regarde
en clignant des yeux railleurs
d’un rire lointain
On s’attache tant
aux esprits transcendants.
Que de choses insignifiantes
rongent ma chair
martèlent mon âme
et avec les poussières du temps
picotent mes yeux
assoiffés de l’éternité !
Tel un oiseau dans une petite cage enfermé
chaque jour
du ciel bleu affamé
d’une source fraîche altéré,
je chantonne un air vague, tendant le cou,
mais mon chant s’est brisé en un rire fou !
Ô, qu’importe
la sueur salée de chaque jour
qu’importe
sous les pieds l’épine pointue
qu’importe
le bol de riz puant de la vie !
Mon âme
quoiqu’attachée au fil ténu de l’espoir
attend toujours le printemps
et le retour des hirondelles.
Ô éternité
amante à qui je n’ai pas donné rendez-vous,
toujours je t’attends
sur la falaise du temps.
Si j’ai à dessiner l’amour
Si j’ai à dessiner l’amour
Je dessinerai
un berceau balançant
un hamac douillet
un bois au feuillage vert
animé de chants d’oiseaux
Si j’ai à dessiner l’amour
Je dessinerai
un verger parfumé de fruits sucrés
une rivière bleue
un ruisseau murmurant
Si j’ai à dessiner l’amour
Je desinerai
un rêveur clair de lune sur une colline éventée
et deux chevelures soufflées
Ôâ cheveux de l’amante
Ô clair de lune de mille souvenirs !
Si j’ai à dessiner l’amour
Je dessinerai un air de musique
faisant vibrer des sons ivres
Ô mélodie de l’amour
retentissant
à travers des siècles.
Si j’ai à dessiner l’amour
Je dessinerai un couple d’oiseaux
se donnant une petite becquée de proie
pour apaiser
la faim de l’existence .
Si j’ai à dessiner l’amour
Je dessinerai deux cerfs
qui se regardent
au clair de lune
au bord d’un ruisseau
ils ne veulent rire se dire
car ça peut déjà leur suffire
Si j’ai à dessiner l’amour
Je dessinerai
des yeux
des lèvres
des yeux doux comme du velours
des lèvres suaves comme du miel
et souples comme de l’herbe
Si j’ai à dessiner l’amour
Je dessinerai des doigts entrelacés
comme des fils de laine
pour faire à l’amour un tricot
en plein hiver
de la vie.
Si j’ai à dessiner l’amour
Je desinerai
un ciel bleu
un rivage de sable blanc
une aurore
à l’horizon resplendissant.
Hélas !
Comment pourrais-je dessiner l’amour ?
Tant mes mains sont gauches
Tant les gammes de couleurs limitées
Alors que l’amour
est toujours un INFINI !
La princesse au bois dormant
Il était une fois
une princesse au bois dormant
d’un sommeil de mille ans
les lèvres roses entr’ouvertes
comme en rêve souriant.
Mais un jour
arriva un prince charmant
sur ses lèvres posant
un baiser
et elle se réveilla
avec le bonheur.
Mille fleurs vantaient leurs éclats
Mille oiseaux élevaient leur voix
Les arbres gambadaient de joie
Pour accueillir l’amour naissant.
Ainsi son bonheur à elle
Arriva-t-il enfin.
Mais personne ne sait
que ce prince, elle l’attendait
depuis une éternité !
Quand je regarde une jolie fille
Quand je regarde une jolie fille
je vois une marée fière
monter au coin de ses yeux
à ses lèvres éclatantes
à ses talons dédaigneux
à sa voix impériale.
Quand je regarde une jolie fille
je vois des larmes
qui imprégneront sa vie, dix ans plus tard.
Car la beauté est éphémère comme une fleur
Car le temps est un amant infidèle
qui ne choie que des fleurs fraîches
et qui brutalise celles qui vont s’évanouir.
Quand je regarde une jolie fille
je vois le bonheur s’approcher d’elle
et la douleur la suivre
comme une ombre.
Ô jolie fille
Est-ce vrai que les jeunes hommes t’aiment ?
Ou ils n’aiment que
ta vaine beauté,
qui prend ton corps pour une auberge
en pleine éclosion de ta jeunesse ?
Ô jolie fille
Il n’est pas facile qu’on t’aime
quand tu es encore jeune
Et il est plus difficile même
de t’aimer
une fois ta beauté fânée.
Ô jolie fille !
Ô rose précaire du bas monde !
Si ardent que soit ton coeur,
tu souffriras de peines et douleurs,
Car, le sais-tu,
l’amour ne se trouve pas
facilement ici-bas !
Des jeunes filles
qui vont se marier
Il y a des jeunes filles qui vont se marier
spontanément
comme si
elles acceptaient une invitation
d’aller à un spectacle.
Il y a des jeunes filles qui vont se marier
car elles veulent se déplacer en voiture
elles veulent se faire dames
elles veulent s’exhiber de beaux vêtements.
Il y a des jeunes filles qui vont se marier
pour oublier
un amour plein de larmes
une blessure pour toujours saignante.
Il y a des jeunes filles qui vont se marier
pour se venger d’un infidèle aimé
pour faire la tête au sort mauvais .
Il y a des jeunes filles qui vont se marier
de peur de voir la jeunesse s’écouler :
la beauté ne dure pas aussi longtemps
que les arbres séculaires.
Il y a des jeunes filles qui vont se marier
comme on fait son service militaire
quand vient l’âge de le faire
la raison en est simple :
toute jeune fille devrait prendre un mari !
Hélas ! Parmi toutes ces jeunes filles
y a-t-il quelqu’un
qui a consulté son coeur
avant de recevoir le premier baiser
avant d’enfiler la bague de mariée ?
Y a-t-il quelqu’un
qui va se marier
pour avoir choisi l’Amour ?
Un jour il dit qu’il m’aime
Un jour
il me donne un baiser
mes lèvres sont suaves
- il me dit
et je souris
croyant qu’il dit la vérité.
Un jour
il me caresse les cheveux
ma chevelure est soyeuse comme sa joie
- il me dit
et je souris
croyant qu’il dit la vérité.
Un jour
il me regarde dans les yeux
mes yeux sont un océan
il aime nager
pour s’y noyer
- il me dit
et je souris
sachant qu’il a rêvé.
Mais un jour
il dit
qu’il m’aime
je souris
mais à minuit réveillée
j’ai tant envie de pleurer !
Les parties de cache-cache
Une fois
avec elle je suis allé au bois
jouer à cache-cache.
je me cache pour qu’elle me découvre.
N’osant pas aller loin
de peur de la faire pleurer
je me tiens tout près
et elle est toujours gagnante !
Une autre fois
vient son tour de se cacher
sans peur de m’attrister
elle s’est enfuie très loin
au point de s’égarer
jamais je ne pourrai la trouver.
Hélas ! òu puis-je la trouver
une fois qu’elle s’est dissimulée
jusqu’aux profondeurs de la vie ?
Ne m’embrasse pas
Ne m’embrasse pas
aux premiers jours de notre rencontre
bien que seul ton regard
suffise de bouleverser mon âme
car, tu sais,
les fleurs en hâte écloses
se fânent sans doute très tôt.
Ne m’embrasse pas
pour la douceur du vin sur mes lèvres
pour la grâce de l’éclat sur mes joues
car le vin doux se videra
l’éclat gracieux s’affadira
comme les herbes qui se meurent - un jour.
Ne m’embrasse pas
aux endroits pleins de monde
òu les regards des hommes
jettent des étincelles
pareilles à un trait de feu estival
sur mon âme
fragile comme la brume matinale.
Ne m’embrasse pas
après que tu as manqué au rendez-vous
òu je me sentais abattue
pour t’avoir attendu
vainement
sur la colline.
Ne m’embrasse pas
les jours òu tu en as plein les yeux
d’avoir regardé tant de jolies filles
car, ces jours -là
ton âme se perche-t-elle sur mes lèvres ?
Ne m’embrasse pas
aux moments òu ton âme s’égare
car les baisers seront indifférents
comme le vin dégôutant.
Ne m’embrasse pas
les jours òu apparaissent dans ton coeur
les colonnes grises de fumée soupçonneuse
les vagues blanches de jalousie
les jours
òu ton âme est voilée des poils de loup
pour me dire
des mensonges
mielleux.
Ne m’embrasse pas
avant de partir loin
car ton baiser allongera les nuits
au point que je ne pourrai dormir
en pensant trop à toi !
Ne m’embrasse pas
quand le bouton de l’amour
n’est pas éclos
dans ton coeur.
Ne m’embrasse pas
avec des lèvres glacées
quand les empreintes de l’amour
se sont estompées
sur le sable blanc de ton âme.
Je m’arrêterai là
Je m’arrêterai là
aux confins d’un ruisseau aux eaux limpides
à côté d’un jardin aux fruits sucrés
bien que mes lèvres soient asséchées
et que je me sois tellement égosillé.
Je m’arrêterai là
comme un jeune oiseau
grelottant au vent froid
àø l’extérieur d’un nid chaud.
Je m’arrêterai là
comme un matelot au rivage
regardant les voiles glisser au vent
comme un amant
devant la porte de l’amour.
Je m’arrêterai
car là-haut c’est une pente
et là-bas, une rapide descente.
Je m’arrêterai
Je m’arrêterai là
ainsi qu’une vie humaine
devrait essuyer une perte
aux approches d’une tombe verte.
Les illusions de l’amour
Au bord du lac
òu pendent des branches de saule pleureur
je regarde babiller des amoureux
et me demande si c’est l’amour
en esquissant un furtif sourire.
Comment se peut-il que
l’amour naisse facilement
comme les mauvaises herbes ?
Est-ce vrai que l’amour
est un oiseau rare
qui n’a vu le jour qu’à la création du monde ?
Est-ce vrai qu’il est une perle
blottie dans la mer profonde ?
Ô amoureux,
est-ce que vous vous offrez
de la fausse monnaie
des objets de commerce
portant la marque de l’amour ?
Ne vous trompez pas mutuellement
par des regards, des sourires,
des baisers,
des lettres d’amour affectées.
S’agit-il des rôles ridicules ?
S’agit-il d’une farce grotesque ?
Ô amoureux,
Ne vous nourissez plus d’illusions,
pour belles qu’elles soient,
est-ce bien l’amour ?
Est-il vrai
que l’amour est une fleur d’ajonc
éclose dans les landes sauvages ?
Qui pourrait trouver l’amour
sans le chercher longtemps
à grand-peine ?
POÈMES LÉGUÉS À L’AMOUR ET À LA VIE
1. Thay lời tựa |
1. Prélude. |
GỞI TÌNH YÊU – GỞI CUỘC ĐỜI
Thơ ĐỖ TƯ NGHĨA
Dịch tiếng Pháp THÂN TRỌNG SƠN
Prelude
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